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Code talkers

             

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Navajos servirent dans l'armée : en 1942, 420 Marines " Navajo code talkers " (les parleurs du code navajo) protégeront les communications des Marines (avec 274 mots du langage Navajo comme méthode de codage, impossible à percer par les Japonais). Ils inspireront le film " Les Messagers du vent " de John Woo avec Nicolas Cage et Christian Slater.

Crédit : National Archives

 
" Navajo code talkers " sur l'île de  Bougainville,
Pacifique Sud, Décembre 1943.

 
Trois Marines débarqués sur l'île de Saipan avec les
premières troupes sur la plage en 1944. A gauche,
le Marines chargé d'abattre le navajo code talkers
avant qu'il ne soit capturé par les japonais.


C'est justement à partir de 1919 que les Américains vont commencer à s'intéresser sérieusement à l'étude des codes et chiffres. Pour cela ils vont créer la "Black Chamber", une structure identique au Bureau 40. la chambre noire va être constituée par le père du chiffre américain, Herbert Osbourne Yardley. Son rôle, dés 1919, casser les codes utilisaient par les militaires japonais. Quatre ans plus tard, en 1923, l'Us Army met en place un vrai service ayant pour unique mission, casser du code. Les Américains fusionnent les fonctions de chiffres et de cryptanalyse sous l'égide d'une seule et unique section, le "Signal Intelligence Service" (S.I.S). Durant la seconde guerre mondiale, les ingénieurs allemands et japonais, aidés par de sérieuses fuites au sein de l'armée Us, se voient capable d'intercepter et casser n'importe quels messages alliés. En 1942, l'Etat-major américain décide un chamboulement total. Il fallait inventer un nouveau système de sécurisation des messages. C'est alors que les ennemis d'antan, les indiens, sont redevenus respectables.

En 1941, dans le conflit qui opposait les Américains aux Japonais ,C'est Philip Johnston qui eut l'ingénieuse idée d'utiliser leur dialecte, Philip Johnston un enfant de missionnaire élevé dans une réserve Navajo dans la région de San Diego. Ce dernier réfléchissait, en temps qu'ingénieur, sur un nouveau système de chiffrage de message. Il proposa son idée au lieutenant-colonel James E. Jones, officier des transmissions dans le Camp Elliott. Autres points forts des Navajos. La langue Navajo est de la famille des langues Na-Dene. Comprenez qui n'a aucun lien avec une langue européenne ou asiatique. Les esquimaux font partis de cette catégorie. Autre fait important, les Navajos étaient le seul peuple a ne pas avoir eu la visite d'étudiants allemands depuis 1922. Avec ces éléments en mains, quelques semaines plus tard, la mission "code Talkers" étaient lancées par l'Etat major US.


Langue navajo est réputé pour sa complexité, pour les communications radio. Au total, près de 400 Navajos furent ainsi formés à l'usage de ce code et s'en servirent pour transmettre des messages durant la campagne du Pacifique.

(Photo by Jerry Proc).  National Cryptologic Museum
La mission première des "code talkers" étaient de faciliter les communications sur le terrain, de relayer des informations des unités combattantes au centre de commandement, de transmettre des ordres du QG, etc. Durant la seule bataille d'Iwo Jima, les Navajos purent ainsi faire passer en 48 heures plus de 800 messages valides. Les Japonais ne réussirent jamais à décrypter le code, qui rendit d'inestimables services aux forces américaines…. L'armée exigea des "code talkers" un secret absolu, qui ne fut officiellement levé qu'en 1968.
le peuple navajo bénéficie d'une reconnaissance au sein des Marines, mais aussi dans la nation américaine, qui a reconnu l'importance de leur langue, maintenant écrite, enseignée et respectée. Des personnalités navajos et des spécialistes de l'histoire amérindienne viennent mettre en perspective l'expérience des Code Talkers dans l'histoire de leur nation ainsi que dans la réalité indienne. Le documentaire se construit à partir d'images d'archives, de tournages dans les camps d'entraînement des Marines et dans la réserve des Navajos.

             

« Si je dois partir en guerre, je partirai, parce que j'aime mon pays. Mon peuple, les Navajos, me regardera bien différemment. »
Calbert Tso, recrue, corps des Marines des États-Unis
« J'ai rejoint les Marines pour protéger mon pays. C'est mon pays à moi aussi, c'est ici que je suis né, mon peuple est ici. Nous resterons ici quoi qu'il arrive. »
Michael Manygoats, recrue, corps des Marines des États-Unis.

Le 7 décembre 1941, les Japonais bombardent Pearl Harbour. La bataille du Pacifique vient de commencer. Celle-ci sera le théâtre d'une aventure unique. Pour la première fois, des Indiens navajos seront incorporés dans le corps des Marines américains et partiront combattre au-delà des mers, loin de leurs montagnes et de leur désert.

                 

Les Navajos constituent la plus importante nation amérindienne des États-Unis. Leur territoire s'étend sur trois États : l'Arizona, l'Utah et le Nouveau-Mexique. Les Navajos sont un peuple dont la culture a survécu envers et contre tout. Ils ont réussi à conserver leur langue et leurs traditions. C'est un peuple dont l'histoire s'est écrite dans la douleur, d'abord face au Espagnols, puis face à la cavalerie américaine. Ils ont subi la persécution religieuse, l'esclavage et même la déportation, jusqu'au traité de 1868, qui a marqué la fin des guerres les opposant au gouvernement américain.

Malgré ces traitements, « on estime que les Indiens d'aujourd'hui constituent de 13 à 18 % des soldats opérationnels, officiers y compris, répartis dans toutes les branches de l'armée américaine », précise le Dr Edwin Wade, premier vice-président du Northern Arizona Museum. Comment un peuple peut-il décider de jouer un tel rôle pour un gouvernement qui a tenté de les supprimer depuis le tout premier contact?

« Pour les Indiens, être un soldat a toujours été une chose honorable. C'est un service rendu à la communauté », explique Richard West, président du Museum of American Indian. Selon lui, c'est une des raisons qui les ont poussés à entrer dans l'armée. Dès l'arrivée des premiers Amérindiens dans l'armée américaine, le gouvernement a réalisé les prouesses, la force, la loyauté et la conviction de ces derniers dans les situations de combat. Ces hommes s'interposaient corps et âme entre l'agresseur et leur peuple. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, près de 30 % des Amérindiens valides se sont engagés dans l'armée.

                        

Parmi eux se trouvent environ 3500 Navajos. Thomas H. Begay, vétéran des Code Talkers, raconte ce qu'il se disait à l'époque : « Sauvons ce qui nous reste! Notre terre est menacée par de nombreux étrangers. Nous devons la protéger car les Japonais vont venir pour tout prendre ». C'est ce qui l'a motivé à rejoindre les Marines.

Une des contributions les plus remarquables des Navajos, c'est celle des Code Talkers. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l'armée américaine s'est mise à essuyer revers sur revers dans le Pacifique. Une des raisons majeures était la faille du système de communication. Les Japonais arrivaient parfaitement à décoder les messages des Américains, et ils réussissaient même à en reproduire des faux. L'armée américaine a alors décidé d'utiliser la langue des Navajos pour communiquer. Dès lors, plus de 400 Navajos Code Talkers ont commencé à tenir en échec toutes les tentatives de décryptage des soldats japonais. Ils ont créé un code navajo que même les autres Navajos ne pouvaient comprendre.

Comme plusieurs mots n'existaient pas en langue navajo, les Code Talkers ont dû en inventer. Par exemple, le mot « avion de chasse » n'existait pas en navajo. Les Indiens les ont donc appelés « bourdons ». « Hitler » était le « renifleur de moustache ». Le langage navajo est tellement différent que ni les Japonais ni les Européens ne pouvaient le décoder. En fait, cette manière de décrire les objets, l'espace et le temps était tellement belle qu'on pouvait parler d'une forme de poésie dans un monde aussi affreux que la guerre.

Assignés aux unités de combats pour les communications, les Navajos ont participé aux batailles les plus sanglantes. Bien souvent, les Code Talkers ont accompagné les patrouilles de reconnaissance. En première ligne, plusieurs Navajos ont perdu la vie, mais sans eux, plusieurs autorités militaires croient que les États-Unis n'auraient pas pu remporter la guerre.

                      

L'utilisation de la langue navajo ne s'est pas arrêtée avec la reddition du Japon. Les Code Talkers ont repris du service durant la guerre de Corée. Au Vietnam, la modernisation des moyens de transmissions a entraîné l'abandon du code. Celui-ci restant classé « secret défense », il faudra toutefois attendre 1969 pour que les vétérans navajos puissent témoigner de leur expérience.

Cette règle du silence a privé plusieurs
Navajos de la reconnaissance qu'ils méritaient, la plupart étant déjà très vieux lorsqu'ils ont pu en parler.

En 1982, les hommages ont commencé à affluer. En 2001, le président George W. Bush a lui aussi tenu à les honorer. Mais pour Roy O. Howthrone, vétéran des Code Talkers, la vraie récompense n'a rien à voir avec les médailles. « Ma vraie récompense a été le jour où j'ai fait serment d'allégeance devant le drapeau américain.

                        

Avant, on n'était pas reconnu comme un peuple qui pouvait faire quoi que ce soit. En devenant un Marine, je démontrais que je pouvais faire quelque chose. »

                 

Pour les Navajos d'aujourd'hui, entrer dans l'armée américaine est toujours un moyen de faire évoluer leur statut social. C'est aussi un moyen de voir le monde extérieur et d'avoir ses études prises en charge. Mais c'est surtout une façon pour les jeunes de marcher dans les traces de leurs grands-parents, ces Code Talkers qui représentent des héros pour eux.

LES NAVAJOS ENFIN HONORÉS

Le 26 juillet 2001, le président George W. Bush a remis à 29 Code Talkers la médaille d'or du Congrès, la plus haute distinction du gouvernement américain. Les États-Unis cherchaient ainsi à rendre hommage à ces héros anonymes de la Deuxième Guerre mondiale.

  

Lors de la remise des médailles, le sénateur du Colorado, Ben Nighthorse Campbell, a tenu à saluer le courage de ces hommes, « qui se sont levés malgré toutes les injustices dont ils ont été victimes dans l'histoire américaine ». Le président Bush est allé dans le même sens en avançant qu'il aurait compris les réticences que les Navajos auraient pu avoir à se battre pour les États-Unis « après ce qu'ils avaient subi dans le passé ». Il a salué leur hardiesse à servir la nation malgré tout.

Déçus un peu de ne pas avoir été reconnus plus tôt, ils étaient restés néanmoins fidèles à leur promesse de garder le silence sur le code secret qu'ils avaient inventé. Utilisé pendant la Deuxième Guerre mondiale, le code secret a pu être dévoilé en 1969, mais les hommages n'ont véritablement commencé que dans les années 1980.

Ces 29 Navajos honorés en juillet 2001 en avaient entraîné d'autres pendant la guerre. Au total, 420 d'entre eux ont servi dans l'armée. Leur apport a été particulièrement efficace dans la bataille sur l'îlot d'Iwo Jima. Le major Howard Connor, officier de transmissions, avait d'ailleurs déclaré, après la victoire : << Sans les Navajos, les Marines n'auraient jamais pris Iwo Jima.>>

Joe Morris en 1942 age 17 ans

                   Joe Morris en 2001.

LE SECRET DES NAVAJOS

Réalisation : Michel Viotte
Coproduction : Idéacom International (Canada) et Bonne Pioche (France)

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