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4.Danse avec la Loue 2010 - Pow Wow d'Ornans

                          

  Christian Larqué président de l'association Four Winds

         Une passerelle entre deux mondes

Comme les 4 vents ou les 4 points cardinaux, l’association Four Winds a 4 objectifs principaux.

Elle peut être considérée comme une organisation d’intérêt général à caractère culturel, éducatif, social et philanthropique. Fondée en 1995 par des passionnés des peuples premiers d’Amérique, le but de l’association est d’établir un véritable pont culturel et ces peuples autochtones: d’améliorer notre compréhension de leur façon de vivre et de penser; de soutenir et aider les Amérindiens dans leurs démarches et leurs projets: et enfin d’œuvrer avec des représentants de ces nations pour le respect de l’environnement et des relations humaines.

Depuis sa création, Four Winds s’est attachée à apporter la compétence de ses membres et à intensifier tous les échanges possibles: Tradition, Musique, Danse, Cinéma, Photo, Littérature, Peinture, toutes formes d’art; de toutes les régions d’Amérique et de contribuer ainsi au rayonnement de leurs cultures spécifiques.

L’association s’investit également dans des opérations à caractère humanitaire en particulier au développement de l’écotourisme chez les Algonquins (Québec) et les Navajos (Arizona)

        

                                          LANCE WHITE MAGPIE

                  

"Lance est membre de la nation Oglala, descendant de Crazy Horse. Il s’occupe des enfants de la réserve de Pine Ridge"

Je remercie notre père de nous avoir rassemblé tous aujourd’hui pour que vous puissiez assister à cette conférence (en Lakota)

Je viens de la nation Oglala. Mon arrière arrière grand père s’appelait Crazy Horse. Nous avons un grave problème sur la réserve de Pine Ridge car nous avons un taux de suicide extrêmement élevé parmi les jeunes, c’est pourquoi nous avons monté une association pour créer un centre culturel et de soutien. Les Lakotas sont très créatifs : tissages, perles, peintures. C’est une façon de garder le cap et de permettre à la jeunesse d’être active.

Nous avons un taux de chomâge sur la réserve qui s’élève à 90 %, avec d’énormes problèmes d’alcoolisme, de toxicomanie et comportementaux.

          

Nous sommes très pauvres, mais avons gardé nos traditions et voulons les transmettre. Nous faisons tout pour que la situation s’améliore car nous voulons garder notre fierté. Nous vous invitons à venir visiter notre centre dans la réserve, venez voir ce dont nous sommes capables. C’est aussi un lieu de rencontres entre les générations, où les grands parents peuvent transmettre à leurs enfants et leurs petits enfants, notre culture pour qu’elle se maintienne vivante.

 

Il y a 2 ans, j’ai hébergé mon neveu, à qui je voulais apprendre nos danses traditionnelles, et un jour en rentrant, je l’ai retrouvé pendu. Aujourd’hui, j’amène mon âme, mon esprit, car je voulais partager cette souffrance avec vous.

Nous avons avec nous quelques dépliants d’information concernant ce centre, pour ceux qui voudraient s’investir avec nous ou faire des dons.

Dans le grand cercle de la vie, nous sommes tous liés et connectés avec l’ensemble du monde vivant.

Merci à vous tous !

  Lance avec Joséphine (traductrice)

     

                                 BARTLEY HARRIS

                 

                    nation Cree, Alberta (Canada)

Bartley est venu nous parler de son engagement pour sa nation, les Cree. Ses études l’ont amené à devenir avocat, afin de s’investir pour les siens. Ce fut un plaisir de l’entendre nous parler, avec son humour, de ses traditions !

La nation Cree est la plus grande au Canada, environ 200 000. Notre situation au Canada est différente de celle des Etats-Unis, nous avons à peu près 6000 personnes qui vivent par réserve. Notre langue n’est pas encore morte, puisque nous restons nombreux à la parler. Je ne la parle malheureusement pas, mais beaucoup de membres de ma famille la connaissent comme mon père ou ma tante, mes enfants sont eux mêmes en train de l’apprendre.

Je suis ici pour vous parler des lois qui nous concernent au Canada et aux Etats-Unis. Dans votre imaginaire, vous voyez certainement les indiens sur leurs chevaux, les livres et les films perpétuent cette image, que pensez vous d’un avocat sur un champ de bataille

La vérité est autre : nous allons à l’école, lisons les mêmes livres.

Mes parents étaient de condition très modeste : ma mère travaillait dans le nettoyage, mon père dans le gardiennage. Ils étaient très forts, ils ont du surmonter beaucoup d’évènements. Ils se sont battus pour que nous ayons une situation. Je suis très fiers d’eux. Je suis maintenant avocat, mon frère est dentiste. Nous avons très fréquemment l’occasion de partager nos chants et nos danses, comme ici aujourd’hui. Cela peut donner une image fausse de notre quotidien, car nous sommes comme vous tous, nous travaillons…..certains sont devenus des professionnels de la danse traditionnelle. 

Je pratique personnellement la danse des cerceaux. La Hoop Dance a un sens très symbolique puisqu’elle permet de maintenir l’équilibre entre la vie spirituelle et émotionnelle. Dans notre éducation, nous apprenons beaucoup au travers des histoires, et l’une de ces histoires, c’est justement celle de la danse des cerceaux ; Vous pouvez voir sur les cerceaux des rubans de différentes couleurs dans 4 directions. Le chiffre 4 est très symbolique pour nous, il est le chiffre fondamental de nos enseignements. Il représente les 4 cycles de la vie : la prime enfance, la jeunesse, la vie adulte, et la « vieillesse ».

C’est un cercle sans fin, qui tourne indéfiniment…..nous transmettons à nos enfants, qui eux mêmes le transmettrons à leurs enfants et ainsi de suite…

C’est en vivant leur propre expérience qu’ils apprennent.

Dans l’histoire, quand les européens sont arrivés en Amérique, ils se sont aperçus que cette terre était déjà peuplée. J’aime à dire que c’est nous qui avons découvert Christophe Colomb, ce sont les Natives qui l’ont accueilli. 

Ce sont les amérindiens qui ont survenu aux besoins de l’armée américaine pour qu’ils puissent continuer à se battre contre les Mexicains dans l’Arizona. C’est un peu ce genre de relations qui a permis de tisser des liens avec les français et les anglais. C’est en signant des traités que le gouvernement canadien a pu obtenir l’aide des amérindiens, bien que son objectif était tout autre…

Comme ici en Europe, pour posséder une terre, il faut un titre de propriété. Le gouvernement avait une doctrine qui voulait que la nation chrétienne qui découvrait une terre en était possesseur. Il était inconcevable que des sauvages puissent être propriétaires.

J’ai eu la chance d’étudier dans une très bonne faculté de droit consacrée aux lois indiennes. Auparavant, les blancs achetaient des terres aux Natives, bien en dessous de leur véritable prix, car les Natives n’avaient pas du tout les mêmes notions de valeur, mais heureusement la justice marshal a mis fin à ces pratiques.

Nous vivons aujourd’hui dans des réserves qui sont la propriété du gouvernement.

Nous sommes un peuple très fort. Nous ne sommes pas aigris, nous avons appris à relever les défis qui sont sur notre route. Malgré toutes ce que nous avons enduré, nous maintenons nos traditions, et notre culture est toujours vivante. Malgré le système fiduciaire en vigueur, nous sommes capables d’agir pour notre peuple. Certains d’entre nous occupent de hautes fonctions. Nous sommes toujours en quête de solutions pour améliorer nos conditions de vie, que ce soit en réserve ou à l’extérieur des réserves, c’est ce qui m’a guidé dans la voie professionnelle que j’ai choisi.

Nous créé nos propres lois, notre propre législation en parallèle avec celle du gouvernement, même si les lois fédérales s’appliquent également sur nos réserves.

Nous avons nos tribunaux, nos juges, nos avocats et tout le système juridique classique qui fonctionne dans un tribunal. Certains de nos avocats sont qualifiés pour travailler en dehors des réserves, d’autres uniquement à l’intérieur. Je parle, bien sûr, en mon nom, en tant que représentant de la nation Cree, mais je ne connais pas comment fonctionne chaque nation amérindienne. 

En Arizona, notre système gouvernemental est bien élaboré. Le territoire où je travaille est extrêmement bien structuré, mais il en existe aux Etats-Unis comme au Canada qui le sont moins bien, soit parce que la population est trop peu nombreuse, soit parce que les relations avec les autorités ne l’ont pas permis.

Nous, les Natifs américains, nous considérons la reine d’Angleterre comme la grande mère blanche, nous avons ainsi l’impression de communiquer sur un même pied d’égalité que les autres nations. Certaines tribus ne sont pas au même niveau d’autonomie que nous. Nous essayons, partout où cela est possible, d’installer des infrastructures solides : un système de santé de qualité, des soins hospitaliers, des écoles, des casernes de pompiers…etc…nous voulons que nos enfants puissent bénéficier d’outils performants. Le terme que nous utilisons, c’est la self gouvernance, nous avons toutes les clefs pour gérer avec efficacité notre territoire. Je ne suis pas là pour dénigrer, ni les Etats-Unis, ni le Canada. Nous sommes fiers d’apporter notre soutien au pays. Vous serez d’ailleurs peut être surpris d’apprendre que c’est la population amérindienne qui a le pourcentage le plus élevé d’engagés dans l’armée. 

Il reste pourtant une page d’histoire assez noire entre les blancs et les amérindiens, mais nous espérons solder cette situation qui appartient au passé 

J’ai personnellement voulu apporter ma contribution en devenant avocat. Il existe un cliché qui voudrait que les Natives ne seraient pas des gens très travailleurs, alors qu’au fil des siècles, nous avons montré ce dont nous étions capables. Le monde entier a pu voir que nous savions déjà faire, ce que les autres essayaient de nous enseigner.

Un des chefs d’un pow wow, a dit, il y a quelques années : « nous avons traversé bien des épreuves, mais nous avons encore beaucoup à accomplir. »

Beaucoup de gens dans ma famille, mes amis doivent affronter des problèmes difficiles. J’essaye toujours de les aider en les informant sur les lois existantes.

Nous nous efforçons de maintenir vivantes nos racines tout en nous adaptant au monde extérieur à notre communauté….parmi nos traditions, les danses représentent beaucoup.

Nous sommes engagés dans de nombreuses actions économiques. Nous fondons beaucoup d’espoirs dans notre jeunesse ;

Il me semble qu’en France, vous étudiez l’histoire des indiens plus que les américains…c’est une bonne chose !

Une anecdote : il y a quelques jours, j’étais au grand cayon, et une personne s’est approchée de mon fils en lui demandant quel était son nom indien. Il a répondu « Damon »…l’autre lui a dit « ce n’est pas un nom indien ! ! ! » mon fils a répondu « c’est mon nom ! ! !…. »

On a même prétendu déjà que les couleurs sur mon cerceau ou sur mes vêtements n’étaient pas…..indiennes !

Nos cérémonies sont un aspect de notre culture, certes, mais nous ne vivons plus dans le passé, nous sommes en 2010. Mon fils joue aux jeux vidéos, va au cinéma…je vais au cinéma. Lorsque nous avons terminé de danser dans un pow wow, nous ne restons pas les jambes croisées toute la semaine, en attendant le prochain.

Merci de votre hospitalité, nous avons grand plaisir à être ici. C’est ma première visite dans votre région. J’espère avoir l’occasion de revenir pour partager ma culture avec vous. En attendant, j’espère ne pas attraper la grosse tête, parce qu’ici, avec mon fils, nous avons presque l’impression d’être des stars, mais dès que nous rentrerons à la maison, nous redeviendrons des gens « normaux »

     

                   Dennis Yellow Thunder

                                 

                      Nation Oglala, Lakota

Cette conférence a profondément ému l’assistance présente…voici le témoignage d’un homme marqué à jamais par le meurtre raciste de son oncle, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, mais qui a décidé, aidé par les anciens de sa famille, de chasser la haine de son cœur !

Bonjour,

Je suis ici au nom de mon peuple, au nom de ma nation, avec un message difficile à entendre. 

Je remercie Christian Larqué, le président de l’association « Four Winds », je vous remercie d’être venu m’écouter. Je viens ici devant vous avec un message d’amour, de compassion, d’harmonie, de paix et de partage. Je veux témoigner aujourd’hui d’un événement qui m’est arrivé en 1972 concernant mon oncle Raymond Yellow Thunder, le frère de mon père Russell Yellow Thunder. Dans notre tradition, un oncle est un peu comme notre père également. Cet événement est arrivé, il y a fort longtemps, et chaque jour qui passe, je garde ce souvenir dans mon cœur.

Une nuit, mon oncle est venu me parler en rêve, et dans ce rêve, il est venu me demander de faire quelque chose pour l’humanité, pas seulement pour les nations amérindiennes, mais pour tous les peuples, qu’ils soient noirs, jaunes, rouges ou blancs.

Le drame que j’ai vécu, a réellement bouleversé ma vie.

Tous les jours, sur nos lieux de travail, en dehors de la communauté, nous devons faire face au racisme, à l’oppression et aux préjugés. Par une froide nuit de février 1972, j’ai appris la signification de ces mots. Avant ce jour, je n’avais jamais remarqué que les gens avaient une couleur particulière. Tout ce que je voyais, c’était des enfants avec lesquels je jouais.

La plupart de mes actes viennent de ce que m’a appris mon oncle lorsque j’étais enfant. Cette nuit de 1972, il a été kidnappé par 5 hommes blancs et battu jusqu’à ne plus pouvoir réagir. On l’a ensuite obligé à monter dans le coffre d’une voiture. Après l’avoir enlevé, alors qu’il était blessé et couvert de sang, ces 5 individus l’ont emmené et ont fait le tour de la ville, sans trop savoir quoi faire de cet indien, ils ont eu cette idée très brillante de l’humilier dans un concert où ils se sont rendus. Ils ont payé l’entrée du festival avec mon oncle toujours enfermé dans le coffre, puis se sont partis vers une sortie de secours où des amis les attendaient. Ils ont forcé mon oncle à sortir du coffre, alors qu’il était presque inerte et seulement vêtu d’un caleçon, pour l’emmener dans le hall du concert où il s’est retrouvé pendant environ 45 secondes à une minute devant 200 personnes. Ces 45 secondes ont changé ma vie, non pas les coups, mais l’humiliation dégradante qui m’a affecté. Nous les Lakotas, sommes des gens simples, et d’avoir été ainsi rabaissé face à la foule, est plus que difficilement vivable. Ils l’ont ensuite remis dans le coffre, toujours ensanglanté, puis sont repartis tourner en ville pendant environ une heure. Comme ils s’étaient suffisamment amusés avec lui, ils ont décidé de l’abandonner sur un terrain vague….

Le 28 février 1972, des enfants qui s’amusaient sur ce terrain ont découvert son corps.

Cet événement a fait prendre conscience au peuple Oglala, de ce fléau du racisme vis à vis d’eux. Il les a réveillé, et il s’est levé pour se rebeller et demander le respect de leurs droits en tant qu’êtres humains.

A titre personnel, il a changé ma personnalité, et fait de moi une personne revancharde. J’ai compris que la couleur de la peau changeait tout. Cet acte m’a fait comprendre ce qu’était le racisme.

Heureusement, j’ai pu aussi apprendre qu’il existait quelque chose de plus haut dans la vie, un état supérieur grâce à 4 hommes qui ont influencé ma vie. Sans eux, jamais je ne serais ce que je suis aujourd’hui. Ils ont vu, même lorsque j’étais encore un enfant, que j’aurais été capable de prendre une autre vie pour remplacer celle de mon oncle. Ces sages qui m’ont sauvé, avaient compris que j’aurais pu devenir un être vil, en réagissant comme ces 5 hommes vis à vis d’autres blancs. Il ont vu tout ceci en moi, et m’ont emmené à une cérémonie.

Baptiste Dubré, un de mes oncles, m’a fait don d’un cadeau, qui est le plus grand que je n’aurais jamais pu imaginer, lors de cette cérémonie. Il m’a donné une Chaloupa, une pipe sacrée.

Alors que j’étais assis avec eux, chacun de mes 4 oncles m’a parlé. Le plus âgé m’a dit que lorsqu’on possédait cette pipe, on devait en respecter ses préceptes, sans garder de haine. Il m’a dit que je devais respecter tous les hommes. Le deuxième qui s’est adressé à moi, m’a demandé de respecter tous les animaux, les éléments de la terre. Le troisième m’a demandé d’honorer tous les hommes, quelle que soit leur race et leur couleur. Le quatrième m’a demandé la chose la plus difficile que j’ai eu à accomplir dans ma vie…il m’a demandé de prier pour ces individus. Je n’ai pas pu parce que j’avais trop de haine et de vengeance. Au bout de 2 ans, j’ai enfin pris la décision de respecter sa demande. Finalement, j’ai pris ce cadeau qu’ils m’ont offert pendant la cérémonie. J’ai alors rempli la pipe de tabac, et commencé à prier pour ces individus. Mon coeur a changé. Mes frustrations, ma haine, ma vengeance, ma colère, tous ces éléments négatifs ont lentement, progressivement, commencé à me quitter. Petit à petit, j’ai senti la rédemption arriver, et mon cœur s’est allégé.

Alors que les mauvaises pensées s’éloignaient de moi, il s’est rempli d’espoir, d’amour, d’harmonie et de pardon.

C’est le message que je voudrais faire passer : plus jamais des individus de cet acabit ne doivent colporter la haine. Nous devons apprendre à vivre tous ensemble dans la fraternité, la solidarité, en harmonie avec notre environnement. Aujourd’hui, alors que j’avance dans la vie, je m’efforce de vivre avec les préceptes que m’ont enseigné ces 4 anciens. J’ai de l’amour pour chacun de vous, et si nous faisions tous cet effort, la terre serait un meilleur endroit pour vivre. En marchant main dans la main, en partageant, en communiquant, nous serions beaucoup plus heureux. Vous n’avez pas besoin de traverser une expérience aussi terrible pour y arriver, parce que vous avez déjà tout ceci en vous. Si vous agissez avec amour, un chemin encore meilleur s’ouvrira. Une rencontre comme celle d’aujourd’hui, entre nous, me renforce dans ces convictions. Lorsque vous partirez du terrain pow wow, que nous avons purifié pour qu’il soit sacré pendant toute la durée de cette manifestation, je veux que vous gardiez en vous cette unité et cette amitié que nous aurons partagé, n’hésitez pas à l’exprimer auprès des autres.

Mais, même si je n’ai plus de sentiments de haine et de vengeance, j’ai gardé cette souffrance, jamais elle ne partira. Je la maintiens tapie au fond de moi, elle ne s’exprime pas parce que j’ai pu la remplacer par des sentiments positifs.

Il est très douloureux pour moi, de ressortir ces souvenirs de ma mémoire, mais je suis heureux d’avoir pu la partager avec vous…je vous en remercie !

Il n’y a pas de mots pour dire au revoir en Lakota !

See you again !

Christian Larqué

Un chiffre, malheureusement réel : 64 meurtres n’ont pas été élucidés sur la réserve de Pine Ridge en 2 ans…

      

               

                  Paul Crane Tohlakai   -  Nation Navajo (Dinéh)

               http://www.4winds.info/events/demonstrations/index.php   

"Projet Etoile du Matin" : Dans le conté de Pinon (réserve Navajo) de nombreuses familles sont sans logement. Donner un toit aux plus démunis, leur donner l'espoir d'une vie meilleure tout en conservant les traditions séculaires de leur peuple.

« Au delà des nationalités, nous ne sommes avant tout que des êtres humains. Si nous fermons les yeux, nous ne voyons plus la couleur des gens. Chacun d’entre vous a le pouvoir spirituel de s’éveiller et de faire changer les choses dans ce monde. »

Ces quelques lignes illustrent l’intervention de Paul qui nous parle de son parcours, de la spiritualité, d’unité entre les peuples, de la nécessité de respecter le vivant, mais aussi de son inquiétude sur la continuité de la transmission des connaissances ancestrales !

Il n’y a rien de plus stimulant intellectuellement qu’une conférence. Je suppose que vous êtes ici pour faire travailler vos méninges. Nous vous remercions à nouveau d’être si nombreux pour écouter les conférences des Natives. Nous sommes de nombreuses nations représentées. Bien qu’il y ait une diversité incroyable entre nous, nous avons quelque chose en commun que nous partageons tous : nos croyances. Au fils des années, des millénaires même, la civilisation amérindienne a évolué, pour arriver progressivement à ce qu’elle est aujourd’hui, grâce aux échanges culturels : cérémonies, mariages (parfois même en « volant » d’autres femmes)….

La nation Navajo, qui chez nous, s’appelle Dinéh, a été la plus étudiée. Malgré cela, de nombreuses incompréhensions subsistent. La période de mon séjour en Europe, a été, à ce titre, très riche d’enseignements. J’y suis arrivé pour la première fois en 2003 comme conférencier, puis je me suis retrouvé bombardé Maître de cérémonie, puisque celui prévu, ne s’était pas présenté. En 2003, je me suis engagé, dans une sorte de partenariat, avec Christian Larqué, le président de l’association « Four Winds ». Le projet de cette association était de faire connaître la culture amérindienne par le biais des Pow wow. L’association m’a demandé d’être leur contact officiel et leur conseiller culturel, mais mon objectif va bien au delà de la simple distraction pour les européens dans ces pow wow.

Petit aparté : à ce moment, Paul « taxe » la bouteille d’eau du secrétaire de « La Tribu Calumet » et trinque à la santé de l’assemblée présente……

Je me suis rendu compte, au fils des ans, qu’un courant passait lorsque des cultures différentes étaient amenées à se rencontrer, ce qui montre bien qu’au delà des nationalités, nous ne sommes avant tout que des êtres humains. Si nous fermons les yeux, nous ne voyons plus la couleur des gens. Nous partageons tous les mêmes défis que nous aurons à relever dans un futur proche. La seule chose qui perdure, c’est l’esprit et la connexion avec l’environnement. Dans notre tradition, nous disons avant tout que nous sommes des êtres spirituels qui essayons d’être humains. Notre lutte, en tant qu’humains, est de retrouver à nouveau cet état spirituel. Il existe de grandes injustices en Amérique du nord, mais je veux croire que le temps de la guérison est arrivé. Ce que vous voyez ici, c’est la volonté de notre peuple de partager, de s’intégrer et de retrouver nos racines tous ensemble.

Lorsque vous regardez les danseurs du pow wow, vous voyez la beauté des tenues, mais leur état d’esprit va bien au delà de l’apparence. Chacun d’entre eux est venu ici avec sa propre histoire, ses propres souffrances et ses propres luttes. Notre manière de vivre est simple et compliquée à la fois. Nous voulons rester humbles, et cette humilité s’inscrit dans le cycle de la vie. J’aimerais partager l’éveil de cet esprit profond qui est en vous. Chacun d’entre vous a le pouvoir spirituel de s’éveiller et de faire changer les choses dans ce monde. Avec les pow wow, nous tentons de créer cette union, cette connexion entre nous. Je travaille avec beaucoup de nations : japonais, suisses, allemands, français….et je constate que chaque année, ils voyagent en Amérique du nord à la recherche de quelque chose qui manque dans leur vie. Ce quelque chose est d’ordre spirituel, aussi nous les accueillons pour partager nos enseignements. Cette relation que nous construisons qui s’appuie sur l’honneur et l’amitié, est indestructible dans l’avenir. Ce que nous voyons est très sombre, je veux parler du manque de respect à notre mère la terre, à notre père le ciel. Certains préfèrent manger leur pain blanc d’abord tellement l’avenir est incertain. C’est ce qui se passe actuellement : nous prenons le meilleur sans penser aux conséquences de nos actes. Nous exploitons jusqu’à la démesure nos ressources naturelles. Tous les éléments sont pollués, l’air, la terre, l’eau. J’ai appris par exemple que la Loue, la rivière locale, était polluée, que les poissons mouraient. La vie mérite qu’on la respecte sous toutes ses formes. Mon message est le suivant : que pouvons nous faire, nous, chacun de notre côté, ou tous ensemble, pour éveiller cette prise de conscience et aller vers la paix. La prière, c’est très bien, mais ce n’est plus suffisant. Il faut agir, ce que nous allons laisser aux générations à venir, est tellement important.

Chaque nation a sa propre histoire. Chaque culture risque aujourd’hui de disparaître. Environ toutes les 2 semaines, nous perdons environ 5 de nos langues.

Les gens font tout ce qu’ils peuvent pour survivre. D’où je viens, la dépendance est créée par le gouvernement via ses programmes sociaux. Toute une nation dépend des aides gouvernementales, je ne crois pas trop à ce système. Je pense que le changement doit venir de la base, du peuple. A mon échelle, j’essaye d’intervenir en ce sens. Nous encourageons les initiatives personnelles par des projets ciblés sur la solidarité. Nous voyons d’ailleurs comment notre façon de penser est complètement différente de vous, de celle de l’occident. Par exemple, vous remarquerez que cette salle est en forme de rectangle, alors que pour nous, ce qui prime, c’est le cercle, qui par définition, n’a ni commencement, ni fin.

Chaque année, le gouvernement dépense des millions de dollars pour les amérindiens, mais aucun de ces programmes, jusqu’ici, n’a vraiment marché. Déjà, nous ne percevons que 50 % des sommes allouées car la corruption existe. Que fait-on des sommes restantes ?

Auparavant, nous nous contentions de ce que nous avions, jusqu’à ce que l’homme blanc vienne nous dire que nous étions pauvres.

Il y a quelques années, j’ai créé une organisation qui s’appelle « Fondation des montagnes sacrées » en relation avec le gouvernement, mais cela n’a pas marché car les gens avaient l’impression qu’on contrôlait leur vie. Je suis revenu sur la transmission de nos savoirs, et plus particulièrement la signification de nos symboles. Quel que soit le problème, le centre d’intérêt, le projet, ce que compte, c’est que tous soient consultés, aient droit de parole, c’est ce qui caractérise le nouvel objet de ma fondation. Ce n’est pas parce que nous n’avons pas eu les mêmes programmes d’éducation que vous, que nous sommes stupides. Au contraire, nous avons, chez nous, de grands esprits, mais ils se manifestent différemment. Il existe des difficultés de compréhension entre les peuples parce que les culture, les langues sont différentes, mais nous pouvons trouver des compromis et tisser des liens entre nous. Par exemple, nous savons nous servir des technologies modernes, et prenons ce dont nous avons besoin, sans pour autant renier nos traditions.

               

Sur cette carte, vous voyez les Etats du l’Utah, du Colorado, de l’Arizona, du Nouveau Mexique : ils ont tous des directions dans le cosmos. Il y a autour de notre territoire 4 montagnes sacrées. Il est aujourd’hui beaucoup plus petit, mais imaginez qu’à l’origine, il était plus grand que ces 4 états réunis. Nous attachons de l’importance à des choses simples comme le lever et le coucher du soleil. Nous prions au lever, nous pouvons dans la journée faire des offrandes ou des cérémonies jusqu’au soir où nous prions encore, face au nord. Nous agissons chaque fois dans une direction différente pour être complémentaire aux autres et finir le tour du cercle. Ce cercle, nous le retrouvons à l’intérieur de nous. Malheureusement, nous avons de plus en plus de mal à trouver des volontaires pour transmettre nos connaissances. Les jeunes aujourd’hui s’intéressent plus aux jeux vidéos, et nous craignons que ces notions disparaissent.

Je vois que vous n’avez « plus peur de nous ». Ensemble, nous pouvons créer un avenir pour nos enfants. Nous sommes intéressés par les technologies écologiques comme les panneaux solaires, par la médecine des plantes, par l’énergie naturelle, le respect des sites sacrés (ce n’est pas toujours le cas !).

Dans les années 80, la population des Navajo a diminué de 400 000 individus. La violence n’est pas étrangère à ce phénomène, la libre circulation des armes non plus.

90 % des enfants sont nés sur notre territoire, et malgré les conditions de vie difficiles, nous voulons re-créer un espoir pour notre peuple !

Merci !

    

                              

Patricia Flores de la nation Yaqui nous parle de son ouvrage « Emerald dreams ».

C’est sa première visite à Ornans en 2008, et l’accueil qu’elle y avait reçu, qui l’a incité à publier ses poèmes.

Bonne après midi à tous, merci de m’accueillir. Mon nom est Patricia Flores. Je suis de la nation Yaqui (Yoeme), du Mexique et de l’Arizona. J’ai aussi du sang Aztèque et Maya. Il y a 2 ans, je suis déjà venu ici, vous lire des histoires et des poèmes que j’avais écrit. J’ai senti en retour une énergie, aussi je me suis promis, à moi, à mes ancêtres, et aux français qui me l’avaient suggéré, de les publier dans un recueil. Ce livre m’a permis d’immortaliser ces histoires en mémoire de mes ancêtres.

Très brièvement, je voudrais vous relire l’histoire d’il y a 2 ans. Je commencerais par la dédicace et les remerciements :

Ce premier livre, je le dédicace à la mémoire de mes ancêtres, car sans leur force, je n’existerais pas. Puisse ce modeste hommage, monter vers eux, au ciel, en reconnaissance. J’ai parlé aux Yoeme (Yaqui), aux Mayas, de mes origines. Je salue toutes les cultures traditionnelles des Amériques, envers qui j’ai le plus profond respect. Le titre de ce livre, « Rêves d’émeraude », a été choisi en l’honneur de la rivière qui traverse mon village, qui, autrefois, était claire et non polluée, de mes amis par l’esprit. Je remercie le public, présent en France en 2008, car ils ont entendu mes mots et encouragé mon esprit à écrire….et surtout j’aimerais remercier « Four Winds », Marjolaine et Christian en France, leurs concitoyens dans leurs villages respectifs, ils ont ouvert leurs bras, leur cœur !

Patricia avec son mari Alenroy Paquin rencontré lors du premier Pow Wow en 2008

Maintenant, je vais vous lire mon récit :

La naissance des Yoeme

« J’ai écrit cette histoire de cette manière, parce qu’elle m’a été racontée dans la langue maternelle de ma grand mère. Nos origines viennent du lointain Mexique. Nous sommes des indiens Yoeme. Il y a très longtemps, quand le pays était libre et sauvage, ce pays était habité par les Surem, nos ancêtres et les esprits de la terre. La communication s’établissait entre tous les êtres vivants. Les indigènes vivaient sans mots, sans lettres, mais ils comprenaient le langage de l’univers. C’était le temps où la terre était jeune. Les Surem étaient les premiers hommes de la terre.

Notre créatrice était sage et puissante. Elle était en contact direct avec le grand esprit, et la seule qui pouvait comprendre le langage d’un immense arbre, dont les branches entraient en contact avec le ciel. Cet arbre se trouvait au milieu du territoire ; il a donné la connaissance au peuple, annonçait des prophéties. Au commencement, l’arbre a enseigné les différentes méthodes de médecine, les chants, montré la voie. Il leur a enseigné le langage du cerf, notre frère. Voilà comment la danse et le chant du cerf, sont apparus. Alors les Surem ont reçu la danse de l’enchantement, un chant d’adieu pour les grands départs. Les gens ont ensuite vécu sous terre, dans les montagnes et dans les grottes. Ils sont devenus un peuple enchanté, et ceux qui sont restés sont devenus des Yoeme, les ancêtres de la grande nation Yaqui.

Les Yoeme sont mon peuple. Ma mère et ma grand mère appartenait à cette tribu.

Un jour, l’arbre s’est mis à vibrer et à appeler la créatrice pour lui dicter une prophétie, celle de la venue d’envahisseurs, et de la désunion que leur religion apporterait, de la concupiscence, de l’exploitation de son peuple. 

Elle a prié l’arbre pour que cette prophétie ne se réalise pas, mais le créateur lui a répondu que 2 parties devaient exister dans l’univers. 

Elle s’est alors mise à pleurer ; ses larmes sont devenues des pluies torrentielles qui ont inondé la terre et créé des cours d’eau, dont la rivière Yaqui. Le grand esprit lui a révélé un chemin secret et des vérités sacrées que son peuple devait garder dans son cœur quoiqu’il leur arrive. Voilà comment la catastrophe de l’invasion espagnole est tombée sur le pays entier. Plus tard, c’est l’armée mexicaine qui a suivi le même exemple avec l’extermination systématique, des persécutions et la déportation dans des camps.

Certains Yaquis ont pu s’enfuir et sont partis s’installer vers le nord, sur le territoire des Etats-Unis d’aujourd’hui, car les Yaqui au Mexique étaient en danger de mort. Une main ou une oreille de Yaqui rapportait 10 pesos. C’est en ce temps là que mon grand père et ma grand mère Joséphine, comme beaucoup d’autres se sont enfuis pour se réfugier dans la sierra madre. Dans ces montagnes, ils ont protégé et défendu leurs territoires, d’une manière tenace. L’unité des Yaquis du nord, ont renforcé la persévérance et la persistance des Yaquis du sud. Pour mon peuple les Yoeme, les Yaquis, la terre, que dieu leur a donné, est d’importance première dans la culture. Depuis le commencement, les Surem, les Yoeme, les Yaquis, sont ma famille. Ceci est mon histoire. Elle s’est transmise d’une génération à l’autre, de bouche à oreille, sous les lampes à pétrole, et répétées tard la nuit pour que je ne les oublie pas. Ainsi longtemps après avoir enterré les ossements de mes ancêtres, ils me rappellent et parlent du monde enchanté à travers moi, voilà pourquoi je leur rends hommage avec leur histoire, la vie sacrée de grandes vérités qui doivent être entendues »

Merci !

Je tiens à remercier tout particulièrement Patricia Senn de m'a voir passé ses interview de la conférence d'Ornans,

son site web http://boutiquetribucalumet.kazeo.com/  

 

        

J'ai fait la connaissance de Bobby Castillo, j'ai été très bouleversé par les atrocités qu’il à subis dans les prisons américaines.

Nous sommes tous loin de nous imaginer tous les sévices subis par Bobby.

                  

Oui, je suis bouleversé, et ému sur cette photo, posant aux côtés de Bobby Castillo

 

         Bobby Castillo

Bobby est un Xicano/Apache Chiricahua. Il est le porte-parole international du Leonard Peltier Defense Commite (Comité de Défense de Leonard Peltier - LPDC). Ancien membre de l'American Indian Movement (AIM), il a fait personnellement la tragique expérience du racisme aux USA. Il a passé 14 ans dans d'odieux pénitenciers fédéraux comme Lompoc ou Marion où il a rencontré Leonard Peltier, qui est devenu l'un de ses meilleurs amis. Désormais libre, Bobby continue à lutter et à se battre pour tous ceux qui sont incarcérés. Il a été membre du bureau de Freedom Now, une commission nationale de soutien aux prisonniers politiques aux USA. Lui-même victime du système pénitentiaire américain, il continue de témoigner pour tous ceux qui ne le peuvent pas. Il peut faire un historique de la répression du FBI contre les mouvements de libération aux USA (Black

Panther Party, American Indian Movement, Brown Berets of Aztlan, etc.) et un descriptif du COINTELPRO (programme de contre-espionnage mis en place dans les années 50 par le FBI). Il travaille également avec les jeunes des gangs Xicano à San Francisco et pour le droit des clandestins mexicains en Californie.

   

Voici une très belle Affiche que j'ai acheté à Bobby : international day to resist the imprisonment of: Leonard Peltier , datant du 26 Juin 1990

      

                    

                         Greg Artiste peintre Native Pride


 Olga Letykai Csonka et T.j. DeHose

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